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lundi 13 décembre 2010

Foodtubes Project ou comment distribuer la nourriture par des tuyaux

Transporter les produits alimentaires à l’aide d’un immense réseau souterrain de tubes, à l’image des « pneumatiques » d’antan, mais sans air comprimé : c’est l’idée très sérieusement développée par les tenants du Foodtubes Project. À gagner : d’énormes économies d’argent, de liberté de circulation et d’émissions de gaz à effet de serre.

Un cylindre creux, un tube, de l’air comprimé : c’est le principe du « tube pneumatique », longtemps utilisé pour expédier un message d’un étage à l’autre d’une entreprise ou même entre centres postaux à l’échelle d’une ville. Paris avait son réseau jusque dans les années 1980. Le journal Le Télégramme de Brest a conservé ce système jusqu’à cette époque. Par rapport au courrier électronique, l’avantage du « pneu », l’expression utilisée à l’époque, est la transmission d’un objet matériel, en principe un document en papier. Mais en entreprise, certains glissaient bien d’autres choses dans le cylindre, parfois un sandwich.

Alors pourquoi ne pas reprendre cette vieille idée (certains la font remonter à l’Antiquité) pour distribuer les produits alimentaires jusqu'au cœur des villes ? L’idée peut sembler saugrenue. Elle nécessiterait un réseau immense et tentaculaire de tubes tissé dans le sous-sol des villes. Devraient-ils s'étendre jusque dans les immeubles et les appartements ? Nous voilà dans le décor du film Brazil…

Mais à y regarder de plus près, les avantages sont énormes, nous expliquent les membres de l’équipe du Foodtubes Project qui a planché sur la question et qui se veut désormais militante. Ces avant-gardistes ne sont pas des hurluberlus, ni des designeurs, ni des auteurs de science-fiction. On y trouve, entre autres, un spécialiste de l’atmosphère (Fred Taylor, université d’Oxford), un spécialiste britannique des transports (Noel Hodson, responsable du projet) et un mathématicien de l’Imperial College of London(Jonathan Carter).



Un centre commercial est connecté à des pipes-lines transportant des conteneurs (en vert), de 2 mètres par 1 mètre, propulsés par induction magnétique (les zones rouges). 45 de ces colis transportent autant qu'un camion de 44 tonnes et pèse un cinquantième de son poids. S'il était déployé à l'échelle du Royaume-Uni, un tel réseau ferait économiser 5 milliards de litres de carburant par an.Un centre commercial est connecté à des pipelines transportant des conteneurs (en vert), de 2 mètres par 1 mètre, propulsés par induction magnétique (les zones rouges). 45 de ces colis transportent autant qu'un camion de 44 tonnes et pèse un cinquantième de son poids. S'il était déployé à l'échelle du Royaume-Uni, un tel réseau ferait économiser 5 milliards de litres de carburant par an. © Foodtubes Project

Le même service, mais sans camions

L’idée est qu’un tel réseau, géré par une noria d’ordinateurs, éliminerait une grande partie du transport par camions. « Le quart du trafic routier est dû au transport de denrées alimentaires, explique le projet. Et un camion dépense 92 % de son énergie pour se transporter lui-même. »

Le projet Foodtubes ne pousse pas ses tubes jusque dans les appartements. Ces réseaux relieraient les producteurs, les grossistes, les distributeurs et les usines de recyclage. À l’échelle d’un pays, on trouverait quatre types de réseau selon la densité de population : milieux urbain et « urbain dense », campagne et vastes régions très peu peuplées. En ville, le réseau typique compterait 150 kilomètres de tuyaux qui aboutiraient à environ 400 terminaux, répartis dans les magasins et les supermarchés, voire dans les écoles et les entreprises.

Plusieurs tailles de conteneurs (dénommées « capsules ») serviraient à différentes catégories de produits. Les plus grands mesureraient deux mètres de longueur pour un mètre de diamètre. Ils ne seraient pas poussés par de l’air comprimé, comme les antiques pneumatiques, mais progresseraient grâce un moteur à induction linéaire, un principe bien connu et utilisé de diverses manières. On le rencontre dans certains manèges de montagnes russes et, au Japon, dans le train Linimo. La vitesse des conteneurs varierait entre cinq et 100 km/h, et « ne serait jamais réduite par des embouteillages ou une mauvaise météo ».

Le bénéfice direct serait double : moins de camions sur les routes et moins d’émissions de CO2. La réduction atteindrait un à quatre milliards de tonnes par an pour un pays comme le Royaume-Uni, estiment les auteurs du projet. Quant au coût, il ne serait pas excessif, assurent-ils. Un réseau urbain de 150 kilomètres coûterait 500 millions de dollars. De plus, sa maintenanceserait bien plus simple que l’entretien des routes. (Les anglophones pourront consulter un argumentaire vidéo du projet Foodtubes, en anglais.)

Finalement, l’idée ne semble donc pas irréaliste. Mais elle est un tantinet révolutionnaire et aura sûrement du mal à convaincre tout le monde. Nous avons tellement pris l’habitude des camions…