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vendredi 15 octobre 2010

À Quévy (B), les invendus des grandes surfaces transformés en électricité verte

À Quévy (B), les invendus des grandes surfaces transformés en électricité verte

L'environnement préoccupe. Le sondage réalisé par « La Voix » sur la qualité du cadre de vie le confirme. Les projets censés réduire notre empreinte écologique ne font cependant pas tous l'unanimité, l'éolien en première ligne.

Les alternatives proposées ? La méthanisation. À trois kilomètres de la frontière, Quévy (B) abrite depuis 2007 Sodecom, une unité de revalorisation des déchets.

Des croissants au beurre, des pizzas, des courgettes, du pain, des yaourts, ou encore des bananes, tout est bon pour produire de l'électricité. L'ancienne sucrerie de Quévy, sur la route de Mons, s'est entièrement convertie à la biométhanisation. Pour vulgariser, on parle de recyclage et de valorisation des déchets. Un procédé qui a connu « des échecs en France », mais est en plein essor chez nos voisins belges.


Hubert Ewbank de Wespin, directeur du site de Quévy, explique la recette quotidienne de son entreprise.
Prenez un gros récipient bien hermétique. Ajoutez dedans « des déchets à haut pouvoir calorifique » (croissants au beurre par exemple), des déchets d'emballage, des déchets alimentaires liquides, des boues (du lisier pour être plus précis). En guise de levure, on rajoute dans ce grand récipient du maïs - « celui fourni par les agriculteurs étant idéal par son rythme constant de décomposition » - ou de la tonte de pelouse. Mélangez le tout et faites fermenter en chauffant à 37 C°. La matière organique en décomposition dégage un gaz, le méthane. « Le bio gaz s'accumule sous une bâche positionnée sur le biométhaniseur », puis est récupéré afin d'alimenter de puissants moteurs (les cages vertes sur notre photo). Les alternateurs entraînés par la puissance des moteurs « fournissent 2,4 mégawatts par heure, ce qui équivaut à alimenter 5 700 foyers ». Une double comparaison s'impose : 1,5 million de litres de fioul serait nécessaire pour obtenir la même production énergétique et contrairement aux éoliennes, le biométhaniseur fonctionne 24 heures sur 24. Son rendement est alors comparable à un parc de cinq à six éoliennes.

L'électricité produite est en partie utilisée pour le site, les 75 % restant sont revendus directement aux réseaux. « L'eau nécessaire au refroidissement des moteurs alimente l'ensemble du processus et chauffe les bâtiments. » Une éolienne présente dans l'enceinte du site vend elle aussi son énergie. Le compost stagnant dans le biométhaniseur est revendu aux agriculteurs comme engrais naturel. Enfin, pour boucler la boucle, Hubert Ewbank de Wespin envisage de revêtir les 2 000 mètres carrés de toiture des bâtiments avec des cellules photovoltaïques. Selon lui, l'entreprise « deviendrait le premier site européen réunissant trois sources d'énergie renouvelables ».

« La matière organique provient des invendus des grandes surfaces, des erreurs de production de l'industrie alimentaire », des cuisines des collectivités... Mais pas encore des particuliers, le tri sélectif n'étant pas assez développé. Idéalement, les particuliers devraient séparer la matière organique de leurs déchets, ce que se charge de faire, pour l'instant, l'entreprise belge. Un processus de désemballage qui, par ailleurs, reste secret.

Auchan Louvroil dispose d'une benne de collecte destinée à la biométhanisation. Environ 15 à 20 tonnes par mois partent se faire recycler à Quévy. Un bon point pour l'image, mais aussi une solution intelligente pour éviter de faire déborder les décharges. •


MATTHIEU BOUTON